DOI : 10.26171/carnets-oi_0106
Introduction
Nous nous intéressons ici à un recueil (diwan) de poèmes comoriens publié en 2003, 2011 et 2014, et à leurs auteurs, jeunes révolutionnaires, à l’époque d’Ali Soilihi, dans les années 1975‑1978.
En quoi ces chansons sont-elles le reflet de ce qui se passait à l’époque aux niveaux politique et artistique ? La question a une double dimension : certains jeunes Comoriens considéraient que le meilleur moyen de peser sur le gouvernement était de s’engager dans une action révolutionnaire au sein des comités nationaux, régionaux ou locaux. D’autres pensaient relayer le guide (muongozi), Ali Soilihi, à travers la chanson.
Or ces deux dimensions se trouvent réunies lorsqu’Ali Soilihi prend le pouvoir. Chaque Comorien(ne), hier comme aujourd’hui, en fonction de ses propres choix, tend à privilégier les aspects progressistes ou autocratiques de son action et de sa personnalité.
Pendant cette période, Wani (Ouani) fut choisie comme ville-pilote pour les projets de la révolution à Anjouan1. On y construisit la première unité administrative (mudiria), le premier collège rural des Comores, ensuite on mit sur pied une armée de réserve (djeshi la mgambu), sorte de milice populaire, etc. Toutes ces mutations, ces initiatives socio-économiques furent bien accueillies par la population surtout par la jeunesse qui, pour affirmer son patriotisme et son nationalisme, alla jusqu’à transformer l’ancien nom de son orchestre local « Joujou de Wani » en « Joujou des Comores »2.
Les poètes
Ces jeunes poètes étaient eux-mêmes des acteurs de cette révolution en qualité d’animateurs, d’éducateurs, de techniciens ou de responsables politiques dans le gouvernement et partageaient l’idéologie « soihiliste ». Leur choix des chansons ici tend surtout à privilégier les aspects progressistes et culturels de l’action du guide de la révolution comorienne.
En effet, les idées réformistes et les projets socio-économiques entrepris pendant la révolution soilihiste avaient trouvé un écho favorable et un terrain propice à Wani (Ouani), ville dans laquelle la société, bien qu’elle soit aristocratique et féodale, avait déjà évolué dans le sens du progrès social, c’est-à-dire qu’il y avait un grand changement dans l’organisation sociale et une amélioration des conditions de vie visant à construire une société moderne inspirée par le modèle français. On en parle comme de la ville la plus aristocratique des Comores avec, successivement, le clan Beja ou Bedja de la chefferie africaine, les Chiraziens Al-Madua et les deux branches qui composent la tribu (qabîla) alaouite des nobles (sharif) de l’archipel : les Âl Al-Ahdal et les Âl Bâ ‘Alawî eux-mêmes représentés par de nombreuses lignées comme celles des Âl Al-Mâsîlâ et des Âl Al-Shaykh’Abû Bakr Ben Sâlim, etc.3
Il importe aussi de dire qu’à l’époque, le devoir des partisans du progrès social était aussi d’animer dans chaque région (bavu) le nouvel ordre révolutionnaire. Ces animateurs (washangirizi) voulaient relayer le discours, le langage et la sagesse des enseignements du guide par des exemples concrets : soit par des réunions publiques (madjadiliano), soit par la chanson révolutionnaire.
C’est aussi pour servir leur pays et surtout pour faire un métier utile pour la propagande politique, que ces jeunes imberbes4 ont répondu présents en acceptant d’occuper d’abord des postes d’animateurs (mshangirizi) dans leur groupe musical et dans leur île, avant d’aller parachever leurs études supérieures dans des pays socialistes comme l’Algérie pour Ibrahim Saindou, le Burkina Faso pour Raslane Abdou Zoubert, la France pour Mohamed Nourdine Abdou Zoubert, le Soudan pour Ali Ben Ali, l’Union Soviétique pour Dhoifir Ben Abdouroihamane Cheikh, etc.
Le corpus
Cet échantillon poétique qu’on va lire ici, collecté par nos soins, va compléter l’œuvre de ce groupe musical déjà entamée par la publication du recueil (diwan) de trois de ses poètes au service de la révolution comorienne : Ibrahim Saindou (Daniel, 2003), Dhoifir Ben Abdouroihamane Cheikh (Daniel, 2012) et Ali Ben Ali (Daniel, 2014). Il importe de signaler que ce recueil a été écrit en comorien, surtout dans le dialecte shiNdzuwani de l’île d’Anjouan et que les sujets traités de cette poésie concernent les principes fondamentaux de la révolution soilihiste qui se résument en trois mots : L’État, le citoyen et l’individu (poème n° 12).
Les thèmes
Les thèmes les plus fréquents, dans ce recueil, sont la révolution (poème n° 4), l’indépendance (poème n° 9), l’unité des Comores (poèmes n° 1 et 11), la nation comorienne (poèmes n° 1 et 7), l’égalité des chances (poème n° 6), l’autosuffisance alimentaire (poèmes n° 4, 10 et 11), la ségrégation raciale et insulaire (poèmes n° 1 et 10), le travail manuel (poèmes n° 3, 8 et 11), les ennemis de la nation : le grand expert5 (poèmes n° 3 et 11). Il y a aussi des thèmes publicitaires sur le tourisme (poème n° 2), faisant l’inventaire de l’immobilier hôtelier en passant par la faune et la flore, le littoral, le paysage et l’environnement, pour finir par l’hospitalité naturelle des Comoriens (poème n° 5). Bref, les thèmes choisis reflètent cette ère de liberté dans un pays fraîchement indépendant et cette nouvelle politique révolutionnaire.
L’indépendance fut acquise unilatéralement le 6 juillet 1975 et suivie d’une expérience révolutionnaire, dès le 3 août 1975. Les deux faits sont aussi deux thèmes fondamentaux de la poésie comorienne moderne dans les années 1975-1978 : l’indépendance (uhuru, ungwana, ’istiklali) et la révolution (ufwakuzi, mapindruzi). En effet, l’indépendance était le mot d’ordre des Comoriens qui aspiraient à la liberté. Les poètes étaient naturellement les « porte-parole » de cette revendication mais aussi de quelques partis politiques comme le PaSoCo (Parti Socialiste Comorien) avec son journal intitulé Uhuru (Indépendance).
Lexicographie6
Que signifient donc ces termes uhuru, ungwana, ’istiklali, ufwakuzi, mapindruzi ?
Grâce aux travaux des linguistes nationaux et étrangers, la lexicographie comorienne, constituée au cours de ces quarante dernières années, a eu besoin, comme toute science nouvelle, d’une terminologie adaptée à son objet ; elle s’est construite, au hasard des découvertes et des inspirations, en utilisant la nomenclature grammaticale bantu (ou fonds bantu), complétée par appel à d’autres langues telles que l’arabe, le swahili, le français, etc.
Ainsi uhuru, de l’arabeحُرٌّ, signifie « indépendance, liberté », ungwana « liberté » et ‘istiklali, de l’arabe إِسْتِقْلَالٌ, « indépendance » (Lafon, 1991 et Ahmed-Chamanga, 1992).
Quant aux autres termes, ufwakuzi et mapindruzi, ils signifient « révolution », (Lafon, 1991), ufwakuzi vient de –fakua « s’emparer, attraper au vol, happer, saisir, arracher » (Ahmed-Chamanga, 1992), d’où l’idée de changement (mapindruzi) de société et de système (révolution), de nationalisation, de politique révolutionnaire (siyasa ya ufakuzi) ou bien de révolution socio-économique voire de socialisme (ufakuzi wa maesha) à cette époque.
Et pour illustrer mon propos, voici un extrait d’un discours fait par Ali Soilihi à l’armée révolutionnaire le 2 février 1976 à Vwadju, Ngazidja (Grande île des Comores) :
Yefasiri ya usiku uwo ndo uka haina istiklali yarengwa kirévolution yo kedjiralwa ni mishindji ya kiada na mila. « La signification de cette journée, c’est que, à chaque fois qu’un pays arrache son indépendance de façon révolutionnaire, [cette indépendance] ne repose pas sur des bases traditionnelles et coutumières » (Lafon, 1995, p. 28‑29).
L’uniformité, en ce qui concerne la définition des termes, existe donc entre les linguistes et les politiques et n’est plus susceptible d’induire en erreur. Aussi a-t-on envisagé de proposer ici cette terminologie en vue de réaliser l’adaptation parfaite du signifiant au signifié. Appelé à sortir de son cadre insulaire et à jouer un plus grand rôle dans la vie quotidienne des Comoriens, le comorien (shiKomori ou shiMasiwa) devait évoluer et s’adapter aux réalités de la société moderne et de l’État en construction.
Pour comorianiser la terminologie spécifique au domaine des sciences et techniques, de la politique, de l’administration et de l’agriculture, deux méthodes principales ont été utilisées par les linguistes et les techniciens comoriens réunis au sein d’un centre national7 :
-
adapter mécaniquement les termes étrangers en les soumettant aux règles phonologiques et grammaticales de la langue,
-
chercher dans la langue les termes ou les périphrases qui rendent le mieux possible le sens des mots étrangers.
Quelques exemples de mécanismes linguistiques utilisés :
Élargir le champ sémantique d’un mot déjà existant
Mot |
Sens originel |
Nouveau sens |
Msamaha |
pardon |
amnistie |
Ndege |
oiseau |
avion |
ungwana |
liberté |
indépendance |
karatasi |
papier, feuille de papier |
diplôme |
Utiliser le système de préfixe pour élargir le champ sémantique d’un mot
Djama(a) |
Famille |
Udjama(a) |
Société |
Beberu |
Bouc |
Ubeberu |
Impérialisme |
Beberu |
Homme fort |
Mbeberu |
Impérialiste |
Sawa |
égal |
Usawa |
Egalité |
Dériver les mots
-endra |
aller |
mwendreleyo |
Progrès |
-fakua |
s’emparer |
ufakuzi |
Révolution |
-kentsi |
s’asseoir |
mkentsi,mkontsi |
Assises |
-ngia |
entrer |
mungiliano |
Coopération |
-ona |
voir |
muonano |
Rencontre, sommet |
-ongoza |
guider, diriger, |
muongozi,mongozi |
Guide, dirigeant |
Farantsa |
France |
mFarantsa |
Français(e) |
Utiliser les formes composées
Mwana |
enfant |
shama |
association |
Mwanashama |
membre |
Mwana |
enfant |
ntsi |
pays |
Mwanantsi |
citoyen |
Mwana |
enfant |
mama |
mère |
Mwanama |
frère, sœur, camarade |
Mwana |
enfant |
nya |
ventre, mère |
Mwananya |
frère, sœur, camarade |
Mjuzi |
connaisseur |
tale |
grand |
Mjuzi-tale |
expert |
Mfanya |
celui qui fait |
hazi |
travail |
Mfanya-hazi |
travailleur |
Emprunter des mots étrangers et les intégrer au système nominal du comorien
Mot |
Origine |
Sens |
Bidje |
Français |
Budget |
Biro |
Français |
Bureau |
Bara |
Arabe |
Continent, grand pays |
Bepare |
Hindi |
Capitaliste, bourgeois |
Mukolo |
Français |
Colon |
Raisi |
Arabe |
Président |
Sirikali |
Persan |
Administration, Gouvernement |
Watwaniya |
Arabe |
Patriote |
Twaifa |
Arabe |
État, nation |
Traduire des expressions
Expression en français |
En comorien |
Littéralement |
Nations-Unies |
Umoja wa matwaifa |
Unité des Nations |
Cette énumération des possibilités linguistiques d’adaptation et de création de mots nouveaux n’est pas exhaustive. Elle montre seulement qu’à partir de ses ressources propres et d’emprunts, la langue comorienne peut constituer une terminologie capable d’exprimer des besoins nouveaux8 : alphabétisation de masse, création de livres d’enseignement du comorien, diffusion des textes de propagande politique, repris par les poètes dans leur création poétique.
Ces poètes imberbes se sont intéressés aussi au chant et à la musique. Certains furent auteurs, compositeurs, guitaristes, solistes, dans leurs groupes musicaux respectifs. Et c’est dans un style afro-malgache et indo-arabe qu’ils ont rythmé leurs mélodies. Ils savaient également que la radio joue un grand rôle dans la diffusion de la poésie chantée aux Comores. C’est la raison pour laquelle l’orchestre « Joujou des Comores » de la ville de Wani dans l’île d’Anjouan a sorti une nouvelle compilation sur CD de quelques morceaux choisis de cette poésie révolutionnaire9.
Cet article rassemble donc en version bilingue ces chansons qui restent dans les mémoires des Comoriens et des Comoriennes mais qui méritent d’être consignées par écrit.
Présentation des textes
Pour la traduction des textes, il y a deux exigences contradictoires :
-
La fidélité au texte, à son rythme, qui risque de mener à un mot à mot difficilement compréhensible.
-
La recherche d’une transposition en français littéraire qui risque de faire perdre la saveur de la langue.
La traduction que nous avons proposée ici est un compromis entre ces deux exigences.
Enfin le choix de ces textes a été fait selon des critères objectivables : fréquence, signification et représentativité des réalités de la Révolution comorienne.
Enfin, pour clore cette présentation, on peut dire que l’historien trouvera à travers les textes présentés ici un témoignage oral de cette époque charnière de l’histoire comorienne moderne.
Recueil des textes (diwan)10
1. Lajenesi ya Wani |
La jeunesse de Wani11 |
(Dhoiffir ben Abdouroihmane Cheikh)12 |
Lajenesi ya Wani |
La jeunesse de Wani |
Imukusudiani |
Va vous interpréter |
Tshatshatsha ya makini |
Du cha-cha-cha doux |
Ya shindzuwani |
Et anjouanais. |
Abdallah Daudu |
Abdallah Daoud, |
Na Saidi Âzizi |
Saïd Aziz, |
Midjayi na Yisufu |
Midjay et Youssouf |
Alabatri |
À la batterie. |
Abu na marakasi |
Abou avec les maracas, |
Kasina nafasi |
N’a pas le temps. |
Dhwafiri ana gitari |
Dhoiffir a une guitare, |
Ya matshatshari |
Une guitare fantastique. |
Mshindro wa tshatshatsha |
Une compétition de chachacha |
Uwimbwa na orkestra |
Organisée par l’orchestre |
Orkestra ya wanatsa |
L’orchestre des jeunes |
Wa shindzuwani |
D’Anjouan. |
2. Tsawe ulawa hazini |
Te voilà de retour du travail13 |
(Dhoiffir ben Abdouroihmane Cheikh) |
|
Tsawe ulawa hazini |
Te voilà de retour du travail, |
Ulemewa tsi yamkini |
Très fatigué, sans doute. |
Ehê sabu utekeleza |
Est-ce que tu as accompli |
Zile mwananyatru arieledza |
Ce que nous a recommandé notre guide ? |
Ehê sabu kwadhulumu |
N’as-tu pas exploité |
Mwananya alio untsini |
Le frère qui est d’un rang inférieur ? |
Sabu kwarumia nayi |
N’as-tu pas abusé |
Zidhwamana wavolwazo |
Des responsabilités qu’on t’a confiées ? |
Alifu be te the |
A, b, t, th, |
Djimu he khe |
J, h, kh. |
Ya handra twaifa |
Le premier principe c’est l’État. |
Alifu be te the |
A, b, t, th, |
Djimu he khe |
J, h, kh. |
Ya vili mwanantsi |
Le deuxième c’est le citoyen. |
Alifu be te the |
A, b, t, th, |
Djimu he khe |
J, h, kh. |
Ya mwiso nafusi |
Le dernier c’est l’individu. |
3. Uku ushe |
C’est l’aube14 |
(Dhoiffir ben Abdouroihmane Cheikh) |
|
Uku ushe |
C’est l’aube. |
Narirenge ziswilaha |
Prenons l’arsenal ! |
Mume na mushe |
Hommes et femmes, |
Kapahua kaono raha |
« Car pas de repos à celui qui n’a pas accosté »15 |
Basi narendre ha mo mwemwa |
Allons-y donc, avec courage, |
Hazini Mungu amana |
Au travail ! Que Dieu nous assiste ! |
Waongozi umbeli na unyuma |
Des animateurs devant et derrière |
Riundre litwaifa |
Pour réaliser l’unité de la nation. |
Mbawa ya Mwasi |
Le commando « Mwasi »16 |
Wanadjeshi wontsi pia |
Tous les militaires, |
Mafanyahazi |
Les travailleurs |
Na wanawashe watwaniya |
Et les femmes militantes. |
Hazi ya leo bila shaka |
Le travail d’aujourd’hui, sans doute, |
Na izidi ya vojana |
Doit valoir plus que celui d’hier. |
Hazi ya manufaâ na baraka |
Un travail utile et bénéfique |
Inufaîshe litwaifa |
Duquel la nation profitera. |
4. Zisiwa za moyo |
Les îles chéries17 |
(Dhoiffir ben Abdouroihmane Cheikh) |
|
Zisiwa za moyo |
Les îles chéries, |
Komoria |
Les îles Comores. |
Zisiwa radzaliwa |
Les îles où nous sommes nés. |
Na uzuri wazo |
Leur beauté |
Kauna bea |
N’a pas d’égal |
Harmwa idunia |
Dans le monde. |
Hayi waze watru wa intsi |
Ô nos pauvres aïeux ! |
Masikini |
Ô les malheureux ! |
Yakini wataâbiha |
Certes ils ont souffert : |
Warihwa fitako |
Ils ont porté des palanquins, |
Na hukunyulwa |
Ils ont été maltraités |
Warumwa shiumpundra |
Et employés comme des ânes. |
Mungu nawarehemu |
Que Dieu les ait en sa sauvegarde ! |
Awaladze mahala mema |
Qu’ils reposent en paix ! |
Djirani wa moyo |
Mon cher voisin, |
Renga umuhono |
Prend ma main ! |
Wasi wa vwamoja |
Nous sommes d’une même communauté. |
Narielewana18 |
Il faut qu’on s’entende ! |
Risahidiana |
Il faut qu’on s’entraide ! |
Wala usitriwe isha kioni |
Et il ne faut pas qu’on se trahisse ! |
Âzima za wasindre |
Les intentions des ennemis : |
Warimanise |
Nous diviser |
Ile watre ntrere |
Pour mieux régner. |
Wananya wa moyo |
Mes chers compatriotes ! |
Narihime |
Réveillons-nous ! |
Ritriye lipiesi umwiri |
Mettons le manche à la houe ! |
Be maji yalimbi |
Car « les eaux ont débordé »19. |
Tsi ya ubushi |
Et ce n’est point une plaisanterie. |
Makolo yariperea |
Les colons nous ont trompés, |
Yarisondzo idamu |
Ont sucé notre sang |
Yabakisha de lipevu |
Et il ne reste rien que l’écume. |
Yahundzu pio kayasadza |
Ils ont tout pris, ramassé |
Ata mkoba mkoba wa ndrala |
Même le sac, le sac en feuilles de cocotier. |
Zisiwa za moyo |
Les îles chéries, |
Musife mo |
Ne soyez pas insensibles ! |
Wasi wana wanyu |
Nous, vos enfants, |
Rimulaviani |
Prêtons serment, |
Ha nia moja |
Avec la même volonté, |
Ritsomdaidzani |
De défendre votre dignité. |
5. Watwania watru Komori |
Notre patrie : Les Comores |
(Mohamed Nourdine Abdou Zoubert)20 |
Wanantsi narike ju la husaidiana |
Citoyens entraidons-nous ! |
Ribauhe fikira za huanyisa yaMasiwa |
Abandonnons les idées séparatistes ! |
Wasi wantru wa vwamoja |
Nous sommes des gens unis. |
Ilazimu rike wa vwamoja rijiliana |
Il faut s’unir pour se connaître. |
Rivendzana Masiwani ripare na usawa |
Aimons-nous dans les îles pour avoir l’égalité ! |
Wasi wantru wa vwamoja |
Nous sommes des gens unis. (Bis) |
Iyo mama iyo |
C’est ça maman ! C’est ça ! |
Iyo mama iyo |
C’est ça maman ! C’est ça ! |
Iyo mama iyo |
C’est ça maman ! C’est ça ! |
Watwaniya watru Komori |
Notre patrie : Les Comores. |
Wanantsi narilaâni |
Citoyens, maudissons |
Utawalifu wa shidjeni |
La domination étrangère ! |
Na fikira zapeu |
Des idées fausses |
Karisitsaha Masiwani |
Nous ne voulons plus dans les îles. |
Wanantsi narihime |
Citoyens, réveillons-nous ! |
Riwane na ubepare |
Combattons le capitalisme ! |
Riwane na ujinga |
Combattons l’ignorance ! |
Rike sontsi mawatwaniya |
Soyons tous des patriotes ! |
Rilowe izifi |
Pêchons les poissons ! |
Ritsunge zinyama |
Élevons les animaux ! |
Ritabu zahula |
Cultivons les cultures vivrières |
Ritruse ndza Masiwani |
Pour chasser la faim dans les îles ! |
Ndrima mama shime |
L’agriculture est à encourager ! |
Matsunga mama wowo |
L’élevage, ô maman, aussi ! |
Ulozi mama kweli |
La pêche, ô maman, sans aucun doute ! |
Hazi mama wowo |
Le travail, ô maman, aussi ! |
Watwaniya watru Komori |
Notre patrie : Les Comores. |
6. Jua |
Sache ! |
(Auteur : Ibrahim Saindou)21 |
|
Rielewe rike hashiri |
Nous devons savoir et être lucides : |
Leo hudjitengua kavwasi |
Aujourd’hui s’isoler n’est plus possible. |
Bila hudjifaharisha |
Sans prétention aucune |
Twaifa latru lo dzima |
Notre nation est unie. |
Tsi damu moja ilengesao |
N’est-ce pas le même sang qui coule ?22 |
Ubabuzi wa zisiwa na rangi |
La ségrégation insulaire et raciale |
Kausiruhusu rike nao |
N’a pas droit de cité chez nous. |
Ukauwendresa wantru |
Elle avait conduit les gens |
Udingoni ama halisi |
Complètement dans une impasse23. |
Zinu pia vwa baâdhwi |
Bien entendu, il y a quelques |
Za wanantsi wabalia |
Citoyens qui ont |
Ntrendreyo za shinamuna |
Des comportements condamnables |
Namuna inu |
De cette sorte |
Bila shaka isiwalazimu |
Sans doute, il faut |
Wadjifahamu na yamaendreleyo |
Qu’ils fassent attention au progrès ! |
Baina ya mwanantsi isimlazimu |
C’est au citoyen de s’efforcer de |
Azihire uwade unu |
Guérir cette maladie. |
Hususwani ntrendreyo zini |
Surtout des tels comportements |
Uka baina ya miji |
Se rencontrent dans certaines villes. |
Narizilishe |
Nous devons les abandonner. |
Zini kwelu ne urisa |
En vérité ceci n’est pas convenable. |
Zisipatsa wantru âibu |
Ceci déshonore les gens. |
Ne de ubabuzi wa makao |
C’est donc l’apartheid dans les résidences24. |
Kavwasi ta kavusi mwanantsi |
Il ne doit pas y avoir de citoyen |
Huka bavuni au mujini |
Qui vit à côté [en brousse] ou en ville. |
Risikubali hutengulwa |
Nous ne devons pas accepter d’être isolés. |
Utawalifu kauna hairi |
La domination n’est pas une bonne chose.25 |
Jua jua |
Sache, sache ! |
Jua hali udjivingao we mwanantsi |
Sache comment te comporter citoyen ! |
Jua jua |
Sache, sache ! |
Jua hali udjivingao we shababi |
Sache comment te comporter jeune homme |
Jua jua |
Sache, sache ! |
Jua hali udjivingao we mwongozi |
Sache comment te comporter dirigent ! |
Jua jua |
Sache, sache ! |
Jua hali udjivingao we mdzade |
Sache comment te comporter parent ! |
Jua jua |
Sache, sache ! |
Jua hali udjivingao |
Sache comment te comporter ! |
7. Masiwa ya Komori |
Les îles Comores |
(Ibrahim Saindou) |
|
Maore wengi wa zisiwa |
Mayotte a beaucoup d’îlots |
Na bahari ndzitrulivu |
Et une mer calme |
Yendza maâna |
Et bénéfique. |
Ndzuwani wengi wa milima |
Anjouan a beaucoup de montagnes |
Na madjintro |
Et des sources |
Yendza maji buruda |
D’eau douce. |
Mwali arudhwi ntrembwavu |
Mohéli a un sol fertile |
Na zilime |
Et beaucoup de cultures |
Wengi wa shahula |
Vivrières. |
Ngazidja wengi wa mpaharo |
La Grande Comore a beaucoup de forêts |
Karitala volkan nku |
Et le volcan Karthala a le plus grand cratère |
Ya dunia |
Du monde. |
Ko Komoro uone raha |
Viens aux Comores pour être heureux ! |
“A l’hôtel Coelacante” Ngazidja |
À l’hôtel Cœlacanthe à la Grande Comore |
Uone raha |
Pour être heureux ! |
Ko Komoro utowe ndzaya mama |
Viens aux Comores pour apaiser ta faim ! |
Ko Komoro uone raha |
Viens aux Comores pour être heureux ! |
“A l’hôtel Al Amal” Ndzuwani |
À l’hôtel Al Amal à Anjouan |
Uone raha |
Pour être heureux ! |
Ko Komoro utowe ndzaya mama |
Viens aux Comores pour apaiser ta faim ! |
Ko Komoro uone raha |
Viens aux Comores pour être heureux ! |
“Village de” Mwahani Mwali |
Village de Mwahani à Mohéli |
Uone raha |
Pour être heureux ! |
Ko Komoro utowe ndzaya mama |
Viens aux Comores pour apaiser ta faim ! |
Ko Komoro uone raha |
Viens aux Comores pour être heureux ! |
“A l’honneur Rocher” Maore |
À l’honneur Rocher à Mayotte |
Uone raha |
Pour être heureux ! |
Ko Komoro utowe ndzaya mama |
Viens aux Comores pour apaiser ta faim ! |
Ko Komoro uone raha |
Viens aux Comores pour être heureux ! |
Mtsanga mweu Ngazidja |
Du sable blanc à la Grande Comore |
Ko Komoro uwone |
Viens aux Comores pour le voir ! |
Mafu mengi Ndzuwani |
Une grande variété de fleurs à Anjouan |
Ko Komoro uyaone |
Viens aux Comores pour les voir ! |
Fi ha wengi Maore |
Une grande quantité de poissons à Mayotte |
Ko Komoro uzione |
Viens aux Comores pour les voir ! |
Ko Komoro uone raha |
Viens aux Comores pour être heureux ! |
Ko Komoro utowe ndzaya mama |
Viens aux Comores pour apaiser ta faim ! |
Ko Komoro utowe hamu mama |
Viens aux Comores pour oublier tes soucis ! |
8. Mjuzi-tale |
Le grand expert26 |
(Ibrahim Saindou) |
|
Mjuzi-tale uvendza mpesa |
Le grand expert aime l’argent. |
Mjuzi-tale uvendza mpesa |
Le grand expert aime l’argent. |
Mjuzi-tale uyenga usawa |
Le grand expert déteste l’égalité. |
Uyenga hazi za mihono |
Il déteste les travaux manuels. |
Ahilawa Ulaya aja |
Quand il revient d’Europe, |
Udjikaza na mikaratasi |
Il se croit fort avec ses diplômes. |
Ake na biro dribwavu |
Il veut avoir un grand bureau. |
Ake na dago la sheo |
Il veut avoir une maison de valeur. |
Iyo tsi haki ye |
Ce n’est pas juste. |
Kana trima na litwaifa |
Il est indifférent à l’État. |
Kana trima na wantru pia |
Il est indifférent à tout le monde. |
Ake na mshahara muhu |
Il veut un gros salaire |
Ale na wadjemazahe |
Pour lui et ses proches. |
Iyo tsi haki ye |
Ce n’est pas juste. |
Litwaifa kalina mali |
L’État n’est pas riche. |
Lisha ne uelewe |
Tu dois comprendre que |
Hazi za mihono muhimu |
Les travaux manuels sont nécessaires |
Za hutoa usikini |
Pour lutter contre la pauvreté. |
Iyo tsi haki ye |
Ce n’est pas juste. |
Ulamuha |
Change ! |
Uelewe |
Comprend ! |
Rafikana wo |
On se met d’accord. |
Mjuzi-tale wo |
Ô le grand expert ! |
9. Komori leo |
Comores aujourd’hui |
(Ibrahim Saindou) |
|
Komori leo kweli mambo |
Comores aujourd’hui, il y a certes de la joie. |
Mfanya-hazi mama |
Le travailleur |
Mtrumushe na shababi |
Fille et garçon, |
Leo warenge yezi yao |
Aujourd’hui, ils ont pris le pouvoir. |
Ufakuzi kweli ne muhimu |
Certes la révolution est nécessaire. |
Wa huzima uwade wa udu |
Elle doit enrayer le vertige |
Ile ridjitoshe na kula riziki |
Pour avoir l’autosuffisance alimentaire |
Rizipare hatru hunu mama |
Chez nous ici [aux Comores]. |
Rike na maesha mema mama |
Nous aurons une bonne vie |
Madjirani wavue mo mama |
Et les voisins nous envierons. |
10. Uwandzani |
L’amitié |
(Ibrahim Saindou) |
|
Uwandzani kwelu ne riwafiki |
L’amitié, certes nous l’avons acceptée |
Komori ne mabarani |
Entre les Comores et les grands pays. |
Rina utumainifu |
Nous avons l’espoir |
Ritsovendzana ha yakini |
D’entretenir une amitié sincère. |
Karibuni neshani zontsi pia |
Souhaitons la bienvenue à toutes les nations !27 |
Musike na taradudi |
N’ayez aucune hésitation ! |
Wasi tsi wabanguzi wa rangi |
Nous ne sommes pas des racistes. |
Masiwani wantru pia sawa |
Aux Comores, les gens sont égaux. |
Nariîshi ha salama |
Vivons en paix |
Na hutsahana daima duniani |
Et aimons-nous toujours dans ce monde ! |
Rifanye na zindjema |
Faisons les bonnes choses |
Ripare yamanufaâ rendre mbeli |
Pour avoir les profits et aller de l’avant28 |
Masiwani na Afrika |
Aux Comores et en Afrique ! |
11. Narike makini |
Soyons lucides ! |
(Ibrahim Saindou) |
|
Narike makini hunu Masiwani |
Soyons lucides ici dans les îles ! |
Ritsahe29 usawa wa wanantsi pia |
Cherchons l’égalité pour tous les citoyens ! |
Ritowe ujinga na umenyefu |
Éliminons l’ignorance et le désordre ! |
Rike sontsi pia wantru waelevu |
Soyons tous des gens compréhensifs ! |
Risikentsi rahilindra |
Ne restons pas à attendre que |
Sirikali de ifanye |
Ce soit le gouvernement qui fasse tout ! |
Narihime washe na waume |
Réveillons-nous filles et garçons ! |
Rike niya ndzima |
Ayons la même volonté ! |
Renyese zorandzao |
Montrons ce que nous voulons |
Pasipo ya hulindra |
Sans attendre ! |
Djitihadi rionese |
Des efforts, nous devons faire |
Harmwa zintrongo pia |
Dans tous les domaines. |
Ripare manufaâ |
Nous aurons les avantages30 : |
Rileye maesha |
L’éducation et le bien-être |
Ya wadzalwa na wao wajao |
Des enfants d’aujourd’hui et de demain. |
Rike wantru wa hutsahana |
Soyons des gens qui se cherchent |
Na huswifulwa na ulimengu pia |
Et qui sont flattés par le monde entier ! |
12. Wasi mashababi |
Nous les jeunes gens |
(Ibrahim Saindou) |
|
Narike makini na kula zozijao |
Soyons lucides devant tout ce qui arrive ! |
Rikeni vwamoja ritoe udhuluma |
Unissons-nous contre l’injustice ! |
Usawa uendrelee halo ritsahao |
L’égalité doit progresser selon notre volonté |
Ata rifurahi ha sontsi |
Pour que nous soyons tous satisfaits. (Bis) |
Rifurahi ha sontsi |
Pour satisfaire tout le monde : |
Shababi ye |
Ô les jeunes, |
Rifurahi ha sontsi |
Soyons satisfaits ! |
Muongozi ye |
Ô Le guide, |
Rifurahi ha sontsi |
Soyons satisfaits ! |
Wanantsi ye |
Ô les citoyens, |
Rifurahi ha sontsi |
Soyons satisfaits ! |
Wasi mashababi he |
Nous les jeunes, |
Mashababi wa Komori |
Les jeunes des Comores, |
Mlozi na mlimadji he |
Pêcheur(s) et agriculteur(s), |
Wahutrendrea litwaifa |
Nous devons construire l’État. |
Mlimadji he |
O Agriculteur ! |
Mlimadji mtsunga |
L’agriculteur c’est l’éleveur. |
Mlimadji mlozi |
L’agriculteur c’est le pêcheur. |
Mlimadji |
O Agriculteur ! |
13. Hazi |
Le travail |
(Ibrahim Saindou) |
|
Adabu de rikenayo |
Du respect, nous devons avoir |
Harmwa izihazi piya |
Pour chaque emploi. |
Ristahi wao walimao |
Nous devons respecter les cultivateurs |
Vwamoja na waloao |
Et aussi les pêcheurs. |
Be wao de wendza maâna |
Cela car ils sont très utiles |
Hatru hunu Masiwani |
Chez nous, [ici], dans l’Archipel. |
Ritrie shime ulozi na indrima |
Encourageons la pêche et l’agriculture ! |
Kula hazi hazi, narielewana |
Chaque activité c’est du travail31, sachons-le ! |
Risidarau hazi |
Ne sous-estimons pas le travail ! |
Zama za mukolo de vwaka wasa |
C’est à l’époque coloniale qu’il y avait des gens |
Wakodarau hazi |
Qui sous-estimaient le travail [manuel]. |
E matsunga |
L’élevage ? |
Hazi |
C’est du travail. |
E ulozi |
La pêche ? |
Hazi |
C’est du travail. |
E indrima |
L’agriculture ? |
Hazi |
C’est du travail. |
Kula hazi hazi |
Chaque activité c’est du travail. |
Wanyu wantru wa sirikali |
O Vous les agents de l’État, |
Wafanya-hazi za mabironi |
Vous qui travaillez dans l’administration ! |
Namulishe hudjona lada |
Ne soyez pas hautains ! |
Wanyu sawa na waongozi |
Vous êtes comme les éducateurs. |
Namukeni makini |
Soyez lucides ! |
Mulishe na ufahari |
Abandonnez votre fierté ! |
Ubahazazi wa faida mbili |
L’emploi avec une double paye |
Kautsokiri |
Ne sera plus possible. |
Kula hazi hazi, narielewana |
Chaque activité c’est du travail, sachons-le |
Risidarau hazi |
Ne sous-estimons pas le travail ! |
Zama za mukolo de vwaka wasa |
C’est à l’époque coloniale qu’il y avait des gens |
Wakodarau hazi |
Qui sous-estimaient le travail. |
14. Uhuru |
L’indépendance |
(Abdallah Abdérémane dit Pala)32 |
|
Uhuru tsiwani uja |
L’indépendance est acquise. |
Narihime rifanye hazi |
Allons tous travailler |
Ripare manufa sontsi |
Pour avoir tous les moyens |
Rileye intsi yatru |
De construire notre pays ! |
Oya he ho |
Oya he ho! |
Marahaba ra’isi wa intsi yatru |
Hommage au président de notre pays |
Vwamoja na mawaziri wahe pia |
Et à l’ensemble de son gouvernement. |
Sontsi rimushukuriani |
Vous avez tous, notre gratitude. |
15. Narilishe uredani33 |
Abandonnons l’oisiveté |
(Raslane Abdou Zoubert)34 |
|
Narilishe uredani |
Abandonnons l’oisiveté. |
Rihime rifanye hazi |
Allons donc travailler ! |
Huka bure ne tsi ndjema |
Chômer n’est pas une bonne situation. |
Hazi de mwenye hichima |
Seul le travail est une affaire d’honneur.35 |
16. Narihifadhwi intsi |
Protégeons le pays ! |
(Raslane Abdou Zoubert) |
|
Narihifadwi kula hali shisho shariwakiî |
Protégeons tout ce qui nous appartient ! |
Ha hudjipushindza na uhusuda |
En combattant la malveillance : |
Be uo uâduwi |
C’est l’ennemi. |
Rikeni na imani |
Ayons la foi |
Na hujuani ndjema |
Et reconnaissons le bienfait ! |
Rahiona kula shisho shafana na ndrima |
Quand on verra tout ce qui est agricole, |
Rishitrie shime |
On l’encouragera. |
Arudhwi isipotea ha hutsenga impaharo |
La terre se perd en défrichant la forêt |
Na huvudza mazamba djitihadi narigodjee |
Et en brûlant les champs. Il y a des efforts à faire |
Risiranganye impwa ha huhudumu ulozi |
pour ne pas détruire le récif corallien et protéger |
Ile ripare manufa risikeni taâbani |
la pêche pour tirer profit, sans ajouter de la souffrance. |
Narikeni hashiri |
Soyons vigilants ! |
Ntrendreo ndjema za mwanantsi |
La bonne conduite citoyenne |
De waye uka na trima |
C’est d’avoir un cœur compatissant. |
Ile ahifadwi intsi yahe |
Ceci pour protéger le pays |
Isiregee dingoni |
Afin qu’il ne régresse pas. |
Ushauku mwengi rike nao |
Le désir ardent que nous devons avoir, |
Ha âda na mila de hazi za mihono |
Selon les us et coutumes, c’est le travail manuel. |
Ridjipukamanise na ulaânifu wa bepare |
Combattons la cruauté du capitaliste ! |
Narihime rigodjee intsi yatru |
Allons, sauvons notre pays |
Vusikeni umenyefu |
Pour qu’il n’y ait pas de désordre ! |
Narihifadwi kula hali shisho shariwakiî |
Protégeons tout ce qui nous appartient ! |
Ha hudjipushindza na uhusuda |
En combattant la malveillance : |
Be uo uâduwi |
C’est l’ennemi. |
Rikeni ha makini na maumo yarahatsihe |
Soyons calmes et sereins ! |
Rahidunga ishariâ shikao de shahusu |
Appliquons la loi qui concerne |
Mwanantsi mkomori |
Le citoyen comorien ! |
Leo tsasi ripara indzia ntrahafu ha yakini |
Aujourd’hui, il y a une autre voie. |
Djitihadi riidunge ata mpaka mpakani |
Avec effort, suivons-la jusqu’au bout ! |
Ha hulindrilia zinafuû ha furaha |
Et attendons les avantages, dans la joie, |
Zijorishukiao ta ridale zavira |
Venir, jusqu’à ce que l’on oublie |
Za huvura mwizi |
Le passé qui nous tracassait ! |
L’hymne national
Titre de l’hymne national pendant la période Ali Soilihi Mtsashiwa (1975/1978) :
Ungwana « La liberté, l’indépendance ». Paroles et musique d’Abou Shihabi36.
Ungwana ngasi nuo |
La liberté nous l’avons, |
Si wakomori masiwa manne |
Nous les Comoriens des quatre îles : |
Maore Ndzuwani |
Mayotte, Anjouan, |
Mwali Ngazidja |
Mohéli et Grande (île des) Comore(s). |
Hazi piya ngasi nizo |
Nous accomplissons toutes les tâches |
Rangu zamani |
Depuis longtemps. |
Dima ulozi |
L’agriculture, la pêche, |
Hazi za mihono |
Les travaux manuels. |
Zinu harumwa mutsanganyiho |
Nous les réalisons dans l’union |
Wa niya za hatru |
De nos esprits (bis). |
Ridjitoa fidiya |
Nous sacrifions nos vies |
Riwanie mipaka ya Komori |
Pour défendre l’intégrité des Comores. |
Dayima ngasi tiyari |
Nous sommes toujours prêts, |
Si wanantsi wa Komori |
Nous les citoyens des Comores, |
Lazima ritre zedamu |
S’il faut que nous versions notre sang |
Isipoteye |
Pour sauver notre pays. |
Ungwana ngasi nuo |
La liberté nous l’avons, |
Si wakomori masiwa manne |
Nous les Comoriens des quatre îles : |
Maore Ndzuwani |
Mayotte, Anjouan, |
Mwali Ngazidja |
Mohéli et Grande (île des) Comore(s). |
Hazi piya ngasi nizo |
Nous accomplissons toutes les tâches |
Rangu zamani |
Depuis longtemps. |
Dima ulozi |
L’agriculture, la pêche, |
Hazi za mihono |
Les travaux manuels. |
Shababi risihana piya |
Toute la jeunesse est solidaire, |
Waume na washe |
Garçons et filles. |
Shababi risihana piya |
Toute la jeunesse est solidaire, |
Waume na washe |
Garçons et filles. |
Ndo maesha ya usoni |
C’est la vie dans le progrès |
Ya hatru si wanantsi wa Komori |
Pour nous, citoyens des Comores. |
Conclusion
Ali Soilihi a initié la révolution par les ondes et par les discours. En vérité, la portée de son idéologie dépasse les Comores et appartient à la pensée politique de l’Afrique indépendante et du tiers-monde.
Des poètes comoriens et comoriennes ont essayé de relever ce défi par le biais de la chanson. Leur choix ici tend surtout à privilégier les thèmes de l’indépendance et de la révolution comorienne avec l’usage d’un vocabulaire qui touche directement la masse populaire. Cette politique linguistique fut l’œuvre du guide de la révolution. Elle n’avait qu’un seul objectif : la promotion de la langue et de la culture nationales.
En définitive, à travers l’étude de ces chansons révolutionnaires, on se rend compte de la manipulation des textes oraux par des jeunes poètes engagés à des fins politiques. Les publications qui en résultent donnent lieu à un témoignage écrit qui sert aujourd’hui à expliquer l’organisation politique et sociale voulue par Ali Soilihi Mtsashiwa, le guide de la révolution comorienne. Ce témoignage fait aussi la part belle à l’orchestre « Joujou des Comores ».
Enfin puisse ce travail contribuer à restaurer le rêve d’égalité des chances aux îles Comores.