De l’usage mondialisé à la pratique singulière de l’émoji : le cas des locuteurs créolophones

From the globalized use to the singular practice of emoji: the case of Creole speakers

Morgane Andry

Citer cet article

Référence électronique

Morgane Andry, « De l’usage mondialisé à la pratique singulière de l’émoji : le cas des locuteurs créolophones », Carnets de recherches de l'océan Indien [En ligne], 9 | 2023, mis en ligne le 01 mars 2023, consulté le 10 octobre 2024. URL : https://carnets-oi.univ-reunion.fr/911

L’émoji est un élément visuel employé régulièrement par les usagers des dispositifs numériques. En analysant ces usages par le biais de huit-cents-quatre-vingt-quatorze commentaires collectés sur le réseau socionumérique « Facebook » et en les confrontant à une enquête qualitative, cet article propose de comprendre la place qu’occupe l’émoji dans le paysage linguistique créolophone.

Dans un contexte d’insécurité linguistique tant dans le monde en ligne que hors-ligne, il serait intéressant de voir si les émojis deviennent un outil de revendication identitaire pour les Réunionnais. Entre symbole fortement connoté affectivement et pictogramme permettant de donner à voir les subjectivités, l’émoji est aujourd’hui un objet d’étude pluridisciplinaire novateur et essentiel à l’heure du numérique.

The emoji is a visual element regularly employed by users of digital devices. This article aims to understand the place occupied by the emoji in the Creole linguistic landscape by analyzing these uses through eight hundred and ninety-four comments collected on the network "Facebook" and by comparing them to a qualitative survey. The linguistic insecurity experienced by people of Reunion Island –online and offline world– raises the question of the possibility for the emojis of becoming a tool for claiming identity for them.

Between a symbol with strong affective connotations and a pictogram allowing subjectivities to be seen, the emoji is today an innovative and essential object of multidisciplinary study in the digital era.

Introduction

Les études sur l’émoji foisonnent depuis ces dernières années. Camille Alloing et Julien Pierre, par exemple, ont travaillé sur « l’usage des émojis sur Twitter » (2021). Pierre Halté, de son côté, s’est interrogé sur « les enjeux pragmatiques et sémiotiques de l’émoticône » (2016). D’autres chercheurs encore analysent l’utilisation des émojis selon des paramètres démographiques précis. C’est d’ailleurs le cas de Yann Bruna qui a publié un article sur « Snapchat à l’adolescence » (2020).
Souvent, les études sur l’émoji se limitent à comprendre ses usages et pratiques selon une plateforme donnée (WhatsApp, Twitter, Snapchat etc.).

Cet article sera consacré à un autre paradigme. À notre connaissance, aucun chercheur de l’océan Indien ne s’est encore intéressé à ces « éléments visuels » qui, pourtant, envahissent les échanges entre les internautes, partout, dans le monde connecté.

Nous opterons ainsi pour une analyse de contenu (Robert & Bouillaguet, 2007) appuyée par une enquête quantitative afin de saisir la façon dont l’émoji est utilisé à La Réunion. Notre étude interrogera donc la place de l’émoji dans les productions créolophones en ligne et la façon dont cet usage mondialisé peut devenir une pratique singulière lors des interactions entre les locuteurs créolophones. Cette étude propose de mettre l’accent sur la façon dont les Réunionnais s’approprient l’émoji qui peut devenir, in fine, un outil de revendication identitaire sur ce territoire qui connait, notamment, une situation de continuum linguistique (Carayol & Chaudenson, 1978 : 182).

L’émoji peut-il alors s’affranchir de la tendance de la mondialisation à fragiliser les identités (Mattelart, 2008) ?

Déjà en 2016, Pierre Halté évoquait qu’il « est évident que l’émoticône joue un rôle fort dans l’ancrage énonciatif du locuteur, puisqu’elle est toujours l’indice de l’émotion ou de la subjectivité du locuteur, elle inscrit nécessairement ce dernier de façon forte, en montrant sa présence explicite de sujet éprouvant, dans son discours » (Halté, 2016 : 242). Il serait donc intéressant aujourd’hui de mener une étude approfondie de la situation de l’émoji en territoire créolophone. Pour mener à bien cette recherche, il nous a semblé pertinent de composer notre corpus à partir des commentaires et des « réactions » publiés sur « Facebook ». Il sagit du seul réseau socionumérique permettant aux internautes de réagir à des publications en choisissant un émoji correspondant à une émotion. Ce sont alors 894 commentaires et plus de 3800 réactions en réponse à cinq articles publiés par « linfo.re » en septembre 2020 qui sont ainsi analysés.

Une enquête de terrain qualitative et semi-directive auprès de trente-six locuteurs réunionnais viendra ensuite confirmer ces premières analyses.

Les données du corpus et les résultats de cette enquête permettront de donner à voir l’usage et la pratique liée à l’émoji sur l’Ile de La Réunion.

Pour une théorisation de l’émoji dans la zone océan Indien

L’emoji, l’émoticône et le smiley

L’« emoji » est un terme japonais qui qualifie un langage basé sur le visuel et le sensible. Le « e » signifie « électronique » et « moji » veut dire « image » (Olivier Langlois, 2019). Laurène Beccucci, qui consacre un article à la pensée de Pierre Halté, évoque que

l’auteur définit un émoticône comme « un signe graphique « ressemblant » à une émotion. L’émoticône se distingue de l’emoji, mot japonais signifiant « caractère-image », et consistant en des symboles issus d’une banque de données (2018 : 253).

L’analyse des « émojis » est un sujet qui intéresse plusieurs disciplines. Des chercheurs et des chercheuses en information-communication, en sociologie – Hassan Atifi (2006) – ou encore en psychologie – Nadia Gauducheau (2008) – ont déjà traité cette question sous différents axes en évoquant notamment l’expression des émotions sur internet.

Cependant, la question de l’utilisation de l’émoji n’a jamais encore été soulevée dans un contexte plurilingue bien que des chercheurs en linguistique comme Pierre Halté (2016) aient consacré leurs recherches aux émojis.

D’ailleurs, Danièle Moore et Claudine Brohy expliquent l’importance des identités dans l’analyse des discours :

on retiendra tout particulièrement les études de LePage et Tabouret-Keller (1985), qui ont montré comment les choix de langues peuvent devenir des « actes d’identités », par lesquels les locuteurs exposent discursivement leur identité personnelle, leurs affiliations à certains groupes et leurs aspirations à certains rôles sociaux (2013 : 10).

Nous partons du principe que la notion « d’identité » peut aujourd’hui se révéler par le biais de l’usage des émojis. Nous accorderons donc ici une place centrale à l’analyse de ces marqueurs qui peuvent devenir alors des « actes d’identités ».

Pour mener à bien cette recherche, il nous a semblé pertinent de composer notre corpus à partir de commentaires et de « réactions » publiés sur « Facebook ». Il s’agit du seul réseau social permettant aux internautes de réagir à des publications en choisissant un émoji correspondant à une émotion. Comme le montre l’image suivante, il existe actuellement sept émojis permettant de réagir directement à une publication :

Image 1 : Liste des émojis proposés pour réagir à une publication Facebook en 2020

Image 1 : Liste des émojis proposés pour réagir à une publication Facebook en 2020

Il sagit des mentions « jaime », « jadore », « solidaire » (apparu depuis la crise de la Covid), « haha », « wouah », « triste » et « grrr ». Elles dépassent donc le fait d’approuver ou de désapprouver un contenu. L’émotion de l’internaute face à un article de presse, par exemple, peut à présent être représentée visuellement. D’ailleurs, selon Marty Laforest et Claudine Moïse « l’action langagière ne se conçoit pas indépendamment d’une réaction immédiate ; nul ne parle seul et c’est dans l’interaction que le sens advient et se transforme. Le point de vue de l’interlocuteur, c’est-à-dire du récepteur, est donc essentiel » (2013 : 1).

Michel Marcoccia et Nadia Gauducheau affirment que les « trois smileys les plus souvent utilisés [sont] le sourire, le clin d’œil et le smiley de tristesse/colère » (2007 : 40) en ajoutant que « les smileys permettent de rendre plus accessibles les sentiments et les émotions de l’auteur du message, comme la joie, la tristesse ou la colère » (ibid : 43). Les auteurs notent que la fonction de ces émojis « modifie à la fois la dimension émotionnelle, relationnelle et de politesse d’un message » (ibid : 51).

À l’époque de l’article de Michel Marcoccia et Nadia Gauducheau, lutilisation des émojis était encore très limitée. D’ailleurs, on parlait plutôt de « smileys » ou d’« émoticônes ».

Les « émoticônes » étaient très simples et symbolisés grâce à des signes typographies ou des lettres tels que : « ;) », « :) » ou encore « :D ». Le « smiley » se limitait à des têtes rondes et jaunes exprimant des émotions basiques (joie, tristesse, colère) et à quelques rares objets du quotidien (cadeau, rose, appareil photo).

Aujourd’hui, à notre sens, le smiley serait un sous-genre d’émoji comme le montre le schéma suivant :

Schéma 1 : Catégorisation des émojis

Schéma 1 : Catégorisation des émojis

Ce schéma permet de visualiser les catégories d’émoji existantes. Les étiquettes orange sont relatives à des émojis qui sont équivalents soit à des déictiques (de lieux, de temps ou de personnes) soit à des embrayeurs (c’est-à-dire des mots qui ne prennent sens qu’en prenant en compte la situation d’énonciation). Cela témoigne d’ailleurs de leur aspect polysémique et de la possibilité de les utiliser de façon détournée qui s’apparenterait à l’hyperbole, l’euphémisme ou l’antiphrase, par exemple.

Trois types d’héritiers du « smiley » ont également été repérés. Certains sont connotés positivement, d’autres négativement. Il s’agit d’émojis axiologiques et liés aux affects. En effet, en analyse du discours, Catherine Kerbrat-Orecchioni définit l’axiologie comme étant « un jugement évaluatif d’appréciation ou dépréciation porté sur ce dénoté par le sujet d’énonciation » (2014 : 86). Il sagit donc dun acte subjectif qui est utilisé par les internautes pour montrer leur émotion face à une publication.

Par ailleurs, Pierre Halté affirme que « les émoticônes les plus employées sont toujours les plus simples, comme l’émoticône de sourire ou de tristesse, ou encore le clin d’œil » (2016 : 232-233). Il explique que l’intérêt d’utiliser ces symboles est de « charger affectivement des énoncés verbaux que l’écrit rendait un peu trop impersonnels » (ibid : 233). Pierre Halté ajoute enfin qu’à l’instar des intonations ou des exclamations, « le sourire peut indiquer qu’on éprouve de la joie, mais il n’est pas l’émotion elle-même, il n’en est qu’un des indices » (ibid : 234).

Enfin, nous appelons « émojis anthropomorphes », les pictogrammes qui représentent les utilisateurs et leurs réactions - humaines. Ces émojis, jaunes à la base, peuvent être personnalisés selon le genre, la tranche d’âge, la couleur de peau et des cheveux dun individu. Mais lutilisation de certains de ces émojis ne donne pas seulement des détails sur laspect physique dune personne. Ils peuvent devenir des outils de revendication identitaire. Dans certains cas, ces émojis dépassent donc lidentité situationnelle. Nous reviendrons sur cette notion dans la partie suivante.

Emojis et réseaux socionumériques : entre affects et représentations identitaires

Nadia Gauducheau évoque que « les émoticônes sont particulièrement intéressantes pour l’expression des émotions, puisqu’il s’agit d’une séquence de caractères représentant des mimiques faciales » (2008/4 : 394). Ce que lauteure décrit ici correspond à ce que nous appelons des « affects ». Claude Hagège les définit comme étant « les états et procès de perception, sensation, émotion, etc., qu’expriment couramment, en français par exemple, des phrases affectives, comme j’ai faim, j’ai soif, il est malade, vous pleurez, etc » (Hagège, 2001 : 655). Les émojis sont directement liés à ces phrases affectives et permettent donc de les substituer, de les résumer en un seul et unique pictogramme. Ils sont particulièrement usités par les internautes.

Les émojis sur les réseaux socionumériques créent une rupture avec ce que Philippe Blanchet appelle « les fondements anciens » ainsi que la tradition de lutilisation de la langue comme « un outil rationalisé au service de l’expression d’une pensée rationnelle et sans affect » (2013 : 33). Nous assistons aujourd’hui à un phénomène que nous appellerons la « picturalisation » de la langue par les émojis. Ils viennent également contester la célèbre formule de Nicolas Boileau : « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » (1862 : 377) car en effet, les émojis cachent parfois un implicite, par exemple, par le processus de lironie qui peut être difficilement perceptible. On retrouve régulièrement cette forme d’ironie voire d’antiphrase avec les émojis suivant :

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Lutilisation des émojis par les internautes participe donc à la création de nouvelles attitudes langagières. Mais, comme lindique Philippe Blanchet, cette tendance contribue à une « désocialisation et [à une] déshumanisation » (ibid : 32) car finalement, les individus ne transparaissent qu’à travers l’émoji quils ont choisi dutiliser afin de réagir à une publication. Linternaute ne devient alors quune mention « jaime » parmi tant dautres.

À linverse de lexpression dune pensée sans affect, lutilisation des émojis exacerbe justement les dimensions affectives dans la production discursive. En effet, certains commentaires sont composés uniquement d’émojis, comme le montre limage suivante :

Image 2 : Exemple de commentaires rédigés seulement grâce aux émojis issus du corpus

Image 2 : Exemple de commentaires rédigés seulement grâce aux émojis issus du corpus

Cest dans cette forme de commentaires que les émojis atteignent le paroxysme de leur utilisation. Les locuteurs semblent penser que les pictogrammes se suffisent à eux-mêmes.

Paradoxalement, les émojis peuvent également servir de miroir de l’identité. En effet, comme nous l’avons dit précédemment, les émojis anthropomorphes peuvent être personnalisés par les utilisateurs.

Comme lindiquent, Mahdi Amri et Nayra Vacaflor « l'identité sexuelle de l’individu en détermine une autre, pour certains, génétique, pour d’autres culturelle. L’âge est aussi un référent individuel dont la nature est à débattre. En dernier lieu, on peut mentionner l’ethnicité qui peut être mise en relation avec les conditions socioéconomiques et politiques quand on l’associe avec des groupes minoritaires » (2010 : 4). Les auteurs précisent qu’il « sera ainsi question de différentes identités. Par exemple, on parle d’une catégorie jeune, vieux, homme, femme, français, « étranger », etc. Ces catégories peuvent servir de label pour caractériser l’individu dans une interaction. Elles contribuent à structurer son « identité situationnelle » (ibid : 2010).

Faire le choix de personnaliser un émoji semble être déjà une volonté d’affirmer son identité selon divers paramètres : l’âge, le genre, la profession ou encore l’ethnicité. L’image suivante montre justement les différentes possibilités qui s’offrent aux utilisateurs en terme de personnalisation d’émojis :

Image 3 : Les différentes possibilités de personnalisation des émojis sur iOS

Image 3 : Les différentes possibilités de personnalisation des émojis sur iOS

Source : Capture d’écran personnelle (janvier 2022)

Cette catégorie d’émojis n’est pas la seule qui sert à montrer les singularités et à créer, finalement, des discours sur l’altérité. L’insularité peut également être cristallisée par ces pictogrammes, comme nous le verrons au sein de notre corpus.

Analyse quantitative des pratiques langagières sur « l’info.re »

Présentation du corpus

Si l’usage des émojis est relative à la mondialisation, la pratique mobilisée par les internautes est, en revanche, singulière. En effet, Josiane Jouët indique que

« lusage est [...] plus restrictif et renvoie à la simple utilisation tandis que la pratique est une notion plus élaborée qui recouvre non seulement lemploi des techniques (lusage) mais les comportements, les attitudes et les représentations des individus qui se rapportent directement ou indirectement à loutil » (1993 : 371).

Ce sont justement ces comportements qui ont attiré notre attention.

De prime abord, nous pourrions penser que ces émojis illustrent l’état d’esprit de l’internaute lisant la publication. Cependant, il existe un risque de polysémie. Il est, en effet, difficile d’interpréter la réaction de l’internaute. On peut se demander si l’utilisateur réagit à la publication elle-même ou plutôt si ce ne serait pas le fait qu’un de ses contacts précis ait partagé cette dite publication.

Afin de ne pas être confrontée à ce genre de problème, nous avons choisi, pour cette étude, d’analyser les réactions des internautes uniquement sur une page journalistique. Cela permet, ainsi, d’éviter d’être confrontée à un réseau social d’amis trop proches les uns des autres mais plutôt d’observer des conversations entre des personnes qui ne se connaissent pas forcément.

Notre corpus se compose donc des commentaires et réactions issus de notre observation ethnographique en ligne, relatifs à des articles de la chaîne d’informations « linfo.re ». Nous avons retenu les cinq articles ayant obtenu le plus de réactions par les internautes au cours du mois de septembre 2020. Le tableau suivant permet de synthétiser les informations relatives à ces articles :

Tableau 1 : Synthèse des éléments du corpus

Tableau 1 : Synthèse des éléments du corpus

Nous pouvons supposer que ces articles ont suscité le plus de réactions pour le mois de septembre 2020 car, pour la majorité d’entre eux (quatre articles sur cinq), ils donnaient l’occasion aux internautes d’exprimer leurs opinions sur un événement qui n’est pas encore arrivé ou qui est hypothétique (article 4). Le deuxième article est le seul qui déroge à cette règle mais il cherche à éveiller l’empathie des internautes.

La proportion des « réactions » sur chacun des articles indique la préférence des internautes pour lutilisation des émojis plutôt que la rédaction de commentaires. Lexemple le plus flagrant est illustré par le deuxième article qui compte onze fois plus de réactions que de commentaires (945 réactions pour 80 commentaires). Il serait donc à présent intéressant d’approfondir les types de « réactions » qu’a suscitées chaque article. Nous avons synthétisé les résultats dans ce second tableau :

Tableau 2 : Répartition des réactions des internautes pour chaque article

Tableau 2 : Répartition des réactions des internautes pour chaque article

Ces « réactions » relatives aux articles de la page d’informations montrent que les internautes ont une forte tendance à privilégier la mention « j’aime » qu’il s’agisse d’une bonne ou d’une mauvaise nouvelle. Cette mention « j’aime » s’apparente donc, dans l’esprit des internautes, à un symbole signifiant plutôt « j’ai vu ». Il s’agit là de la marque de leur passage sur la dite publication.

Les mentions « j’aime » sont majoritaires pour chaque article et constituent donc la réaction la plus utilisée par les internautes. En effet, parmi les quatre mille cent quarante-cinq réactions de notre corpus, la part des « j’aime » s’élève à 64%, comme l’indique le graphique suivant :

Graphique 1 : Répartition de l’ensemble des réactions

Graphique 1 : Répartition de l’ensemble des réactions

Ce phénomène entre en opposition avec ce que John Austin appelle les « énoncés performatifs ». Bruno Ambroise explique que « l'énoncé [performatif] doit également accomplir une fin déterminée par ces conditions : il doit produire certains effets » ( 2015 : 7). En ce sens, la mention « j’aime » sur « Facebook » est l’exact opposé de l’énoncé performatif. Au sens strict, le verbe « aimer » qui est utilisé sur les réseaux sociaux ne signifie pas que les utilisateurs et utilisatrices apprécient le contenu de la publication. Ces mentions permettent de faire exister, de laisser une trace de la présence de l’individu sur la page « Facebook ». Elles matérialisent en quelque sorte le passage de l’internaute, elles le rendent visible.

Michel Marcoccia et Nadia Gauducheau affirment également qu’on « peut aussi être tenté de traiter les smileys comme des signes de ponctuation expressive » (2007 : 43) et c’est également une utilisation que nous retrouvons dans notre corpus. Des commentaires sont, effectivement, ponctués par un émoji à la fin de certains commentaires sur cette page d’informations. Le graphique qui suit présente la part des commentaires ponctués par un émoji pour chaque article.

Le relevé des commentaires ponctués par un émoji indique que ce n’est pas la fonction la plus usitée par les utilisateurs et utilisatrices du réseau social. En effet, d’autres utilisations des émojis sont repérables.

L’évolution des algorithmes montre à l’utilisateur l’émoji le plus approprié à ce qu’il ou elle vient de dire, comme le montre l’exemple suivant :

Graphique 2 : Répartition des commentaires ponctués par un émoji (en pourcentages)

Graphique 2 : Répartition des commentaires ponctués par un émoji (en pourcentages)

Sur cet exemple, nous pouvons voir que le drapeau réunionnais est utilisé juste après le syntagme « La Réunion ». Le logiciel propose instantanément l’émoji correspondant au syntagme.

Image 4 : Émoji relatif au terme antécédent

Image 4 : Émoji relatif au terme antécédent

Suite à la présentation du corpus, nous pouvons à présent présenter les analyses et les données.

Les émojis, un moyen de pallier la situation diglossique ?

Selon Mylène Lebon-Eyquem, « au niveau sociolinguistique, l’île a longtemps été caractérisée par une situation diglossique selon l’acception de Charles Ferguson (1959) » (Lebon-Eyquem, 2008 : 133). Ferguson définit la diglossie comme étant une configuration dans laquelle deux variétés, l’une haute, l’autre basse, de la même langue sont en usage dans une société avec des fonctions socioculturelles différentes mais complémentaires (1959).

Joshua Fishman (1967) proposera à sa suite une extension du modèle diglossique dans laquelle il convoquera la notion de « diglossie » pour parler de la distribution fonctionnelle complémentaire de deux langues en contact.

Un autre modèle permet d’expliquer cette situation linguistique particulière. Il est régi autour du concept de « continuum ». Michel Carayol et Robert Chaudenson évoquent un continuum qui « se caractérise donc par la présence d'un « dia-système » bipolaire allant d'un « acrolecte » caractérisé par des formes socialement valorisées à un « basilecte » correspondant à l'état de langue dévalorisé socialement. » (1978 : 182).

Sur les réseaux socionumériques, il apparait que la massification de ces réactions – plus nombreuses que les commentaires – représente bien cette situation diglossique. En effet, un clivage existe entre le français, langue officielle utilisée dans la sphère professionnelle, et le créole réunionnais, destiné au cercle familial et amical. Même si nous trouvons des commentaires en créole réunionnais, ils restent minoritaires comme le montre le tableau suivant :

Tableau 3 : Représentation du créole réunionnais au sein des commentaires

Tableau 3 : Représentation du créole réunionnais au sein des commentaires

Ce clivage reflète bien la situation linguistique de l’île de La Réunion. Mais les commentaires en créole dépendent aussi du sujet de la publication. En effet, le premier article intitulé « éducation : des cours de créole en maternelle » compte quatre-vingt-neuf commentaires en créole réunionnais. C’est le sujet de l’article lui-même qui offre la possibilité aux internautes de s’exprimer dans cette langue étant donné que la publication traite de la question du créole. Elle pousse donc certains locuteurs à s’exprimer dans la langue évoquée par l’article, d’une certaine façon à la défendre et aussi de révéler davantage d’éléments sur leur propre identité. La possibilité offerte aux internautes de s’exprimer dans une langue commune et soumise à la diglossie peut, comme l’indiquent Yo-Han Kim et Sang-Hoon Lee, augmenter « l’indice de satisfaction de vie » (2016/3 : 53). En effet, les auteurs affirment « le soutien par un commentaire d’encouragement ou par le clic sur « j’aime » sur Facebook fait connaître des émotions positives et ceci s’associe à la promotion du soutien social » (ibid. : 53).

Le sentiment d’appartenance à une communauté peut donc être constaté sur les réseaux sociaux.

Comme nous l’avions énoncé, parmi les commentaires, certains relèvent de la communication non-verbale car seuls des émojis sont postés par l’internaute. Le pictogramme résume à lui seul une réponse d’un utilisateur, par exemple, à l'aide d’émojis anthropomorphiques tels que :

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Sur l’ensemble de notre corpus, ce sont quarante-six commentaires qui sont composés de ces émojis. Ils sont donc moins utilisés par les internautes qui privilégient les émojis traditionnels qui ne laissent rien paraître de leur identité dont leur genre, leur âge ou leur ethnicité.

Nous remarquons toutefois une tendance des utilisateurs à utiliser ces pictogrammes anthropomorphiques lorsqu’un sujet évoque l’île de La Réunion de façon directe. Ils sont bien plus présents, notamment, dans le premier article traitant du créole réunionnais (trente-trois occurrences). Ce comportement langagier pourrait donc correspondre au lien entre les Réunionnais et leur île et ses richesses qu’ils tentent de rendre visibles sur les réseaux sociaux. Il contribue donc à la revendication identitaire réunionnaise.

Après cette étude quantitative et une observation ethnographique en ligne, il nous a paru intéressant de vérifier nos analyses par le biais d’une enquête de terrain afin de valider ou non notre hypothèse selon laquelle émojis, affects et identités sont liés.

Une étude qualitative auprès d’internautes créolophones

Présentation de l’enquête

Cette enquête a été réalisée afin de vérifier les résultats de la première analyse quant à l’utilisation des « réactions » et des émojis dans les commentaires des internautes sur « Facebook ». La crise sanitaire ne nous a pas permis de pouvoir rencontrer les personnes interrogées pour cette enquête. Nous leur avons donc proposé une enquête qualitative par le biais d'un questionnaire « Google Form ». Cette enquête directive a été réalisée dans le but de comprendre la façon dont les réunionnais peuvent revendiquer leur identité au travers des émojis.

Trente-six réponses ont été collectées. L’âge de la majorité des répondants va de 26 à 35 ans (vingt-deux réponses). Vingt-neuf répondants sont des femmes. Selon plusieurs sites internet de statistiques cela s’explique car « 49% des visiteurs quotidiens de Facebook se situent dans la tranche 25-49 ans en octobre 2019 » et 51% de la population du réseau social serait féminine1. La situation géographique des répondants est plutôt homogène, sauf pour une seule personne qui vit dans l’est de l’île :

  • quatorze répondants vivent dans le nord de l’île ;

  • dix répondants vivent dans l’ouest ;

  • onze répondants vivent dans le sud.

Cette enquête semi-directive est composée d’une partie servant à définir le profil de la personne avec trois questions au sujet de son genre, son âge et sa situation géographique. Une seconde partie de l’enquête est consacrée à la langue qu’elles utilisent pour s’exprimer sur les réseaux sociaux. Elle est constituée de deux questions :

  • Question 1 : Écrivez-vous des commentaires en créole réunionnais ou en français sur les réseaux sociaux ?

  • Question 2 : Pourquoi privilégiez-vous cette langue ?

Ces deux questions permettent de comprendre la langue privilégiée par les répondants sur les réseaux sociaux et ainsi de constater ou non la continuité de la situation diglossique de l’île sur internet.

Enfin, la troisième partie de l’enquête est consacrée à leur utilisation des émojis. Elle est constituée de deux questions :

  • Question 1 : Utilisez-vous un émoji illustrant une main (comme « bravo », « doigts croisés », « muscle »…) ou une mimique ? Lesquels ?

  • Question 2 : Utilisez-vous des émojis lorsque vous parlez de La Réunion ? Si oui, merci de les insérer ci-dessous.

Suite à la présentation de notre enquête, nous pouvons à présent passer à l’analyse des données.

Analyse des données

Comme le dit Catherine Kerbrat-Orecchioni, « parler, c’est sans doute échanger des informations ; mais c’est aussi effectuer un acte, régi par des règles précises, qui prétend transformer la situation du récepteur et modifier son système de croyance et/ou son attitude comportementale » (1980 : 84).

Les réponses des personnes ayant répondu à notre enquête rendent parfaitement compte du continuum linguistique de La Réunion.

En effet, trente-cinq personnes sur les trente-six interrogées s’expriment en français sur les réseaux sociaux. Le graphique suivant synthétise les différentes raisons de leur choix.

Les participants à cette enquête avaient à leur disposition un espace pour pouvoir développer leur avis La majorité des réponses (44%) exprime une habitude d’utiliser le français à l’écrit mais certains apportent une nuance. Nous trouvons donc certaines de ces réponses complétées avec « si c'est pour rigoler avec mes amis ça m’arrive d’écrire en créole », « j’ai répondu français mais je le fais dans les deux langues tout dépend de la personne à qui je m’adresse » ou encore « je n’ai pas l’habitude d’écrire en créole même si je le comprends et le parle très bien ». Ces réponses détaillées permettent donc bien d’affirmer que le créole réunionnais est, encore aujourd’hui, réservé à la sphère privée même sur un réseau socionumérique qui peut garantir un minimum d’anonymat.

Graphique 3 : Réponses à la question « pourquoi écrivez-vous en français ? »

Image 100002010000051000000152CE4195293D79EE17.pngSelon Emmanuel Renault, le besoin de reconnaissance « n’exprime pas seulement l’exigence d’un comportement juste à mon égard […] il exprime également le besoin d’être reconnu comme cet individu particulier que je suis dans la vie ordinaire sous le masque des différentes identités que je porte dans l’interaction sociale » (2004 : 78-80). Le français étant considéré comme une langue plus sérieuse que le créole, en la privilégiant, le locuteur créolophone espère donc donner une image plus valorisante de sa propre personne, de son identité virtuelle.

Nos deux enquêtes confirment que les Réunionnais n’expriment pas majoritairement leur « créolité » par le biais de la langue créole. Comme nous l’avions dit précédemment, sur 894 commentaires seul 128 sont rédigés en créole réunionnais (soit 14%).

Le fait d’écrire en français « par habitude » ainsi que la réponse « pour être compris par tous » illustrent l’adaptation des individus aux contraintes du cadre situationnel. C’est ce qu’explique par exemple Patrick Charaudeau lorsqu’il affirme que

le rapport entre langue et discours n’est pas de réciprocité absolue. Un Québécois exploitera les ressources de la langue française d’une façon différente de celle d’un Français. Son discours ne sera pas le même malgré l’emploi de la même langue, et ce parce que ses habitudes de vie, les normes sociales qui régulent ses rapports aux autres et ses jugements ne sont pas ceux d’un Français de France. (2001/3 : 346)

L’auteur insiste ainsi sur la dichotomie langue-discours : « l’identité linguistique ne doit pas être confondue avec l’identité discursive. Cela veut dire que ce n’est pas la langue qui témoigne des spécificités culturelles, mais le discours » (ibid. : 343).

Aussi, cette situation diglossique observée par les comportements langagiers des créolophones sur les réseaux socionumériques peut contribuer à « établir un certain type de rapport avec l’autre (de supériorité, d’infériorité, d’égalité, de distance, etc.) et de construire une image de lui-même » (ibid.) comme l’explique Charaudeau en évoquant la compétence discursive.

Peut-on alors penser que les émojis permettent de pallier cette situation diglossique ?

Hormis la question de la langue, les personnes ayant répondu à l’enquête, ont également ajouté à leur réponse les émojis qu’ils utilisaient sur les réseaux sociaux. Une seule personne a évoqué le fait qu’elle n’en utilisait pas. La majorité des répondants utilise le plus fréquemment les trois émojis suivants :

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Deux de ces émojis (2 et 3) sont donc liés aux émotions des internautes. Il peut s’agir de leur réaction face à un contenu. Il s'agit là de l’expression de l'acte perlocutoire. John Austin explique que l’acte perlocutoire est « l'obtention de certains effets par le fait de dire quelque chose » (Austin, 1979 : 129).

Les émojis qui expriment des émotions viennent donc rendre visible une réaction interne, mais bien réelle, de l’internaute face à une publication.

L’autre émoji le plus utilisé par les répondants est le symbole du « pouce levé ». Cet émoji s’apparente à un pictogramme axiologique. Il s’agit donc de l’expression de la subjectivité de l’internaute qui illustre son appréciation ou dépréciation d’une publication.

Ces émojis ne comportent donc que très peu d’indices sur l’identité des créolophones. Cependant, la dernière question de notre enquête démontre que vingt-huit répondants sur les trente-six personnes interrogées utilisent des émojis relatifs à leur île. Le drapeau réunionnais est le plus répandu. On le trouve au sein de treize réponses. Mais, majoritairement, il s’agit de pictogrammes comparables à ce que Christian Germanaz nomme la « nomenclature typifiante » relative à l’île de La Réunion.

Ainsi l’auteur regroupe dans la nomenclature typifiante « certains "mots" de la géographie ». Ils symbolisent « des invitations au paysage exotique : l’atoll, le lagon, le reg, l’oued, et peut-être plus modestement, le pack, la banquise » (2018 : 5). Habituellement, la nomenclature typifiante est une liste de termes formant une entité géographique. Les émojis peuvent avoir la même fonction.

Ce quatrième tableau présente les émojis relatifs à cette nomenclature typifiante utilisés par les personnes ayant répondu à notre enquête. Le nombre d’occurrences de ces pictogrammes indique bien la popularité de ces émojis auprès des utilisateurs et utilisatrices.

Les émojis utilisés pour évoquer l’île de La Réunion se conforment aux stéréotypes de l’insularité. Comme l’indique Ruth Amossy, la stéréotypie « est nécessairement prélevée sur la doxa d’époque, s’apparente de ce point de vue à l’idée reçue […] on définira le stéréotype comme une "représentation collective […] constituée par l’image simplifiée d’individus, d’institutions ou de groupes", image préconçue et figée qui détermine nos manières de penser, de sentir et d’agir » (1994 : 53). Les émojis utilisés pour décrire l’île de La Réunion ne dérogent pas à cette règle. On retrouve le soleil, la plage ou des éléments naturels évoquant l’aspect tropical et exotique de l’île.

Cette enquête a donc permis de mettre en lumière les utilisations des émojis repérées dans l’analyse des commentaires et réactions sur « Facebook » mais elle a aussi été utile afin de trouver d’autres formes d’emploi des émojis.

Tableau 4 : Occurrences des émojis relatifs aux représentations de l’île de La Réunion

Tableau 4 : Occurrences des émojis relatifs aux représentations de l’île de La Réunion

Conclusion

Au terme de cette étude, nous pouvons dire que l’analyse quantitative des commentaires et des réactions des internautes sur « Facebook » nous a amenée à trois conclusions.

D’abord, ce corpus va dans le même sens que les études générales à propos de la situation linguistique de La Réunion. Qu’il s’agisse d’échanges dans le monde réel ou sur les réseaux socionumériques, le français reste la langue dominante chez les locuteurs créolophones. Peut-être que, finalement, la massification des émojis donne moins de visibilité à cette diglossie en créant de nouveaux codes qui rendent les idiolectes plus discrets, moins observables.

En second lieu, nous remarquons que les émojis anthropomorphiques ne sont pas privilégiés par les utilisateurs.

Enfin, comme pour la majorité des internautes dans le monde, les émojis restent le moyen le plus simple d’exprimer des émotions en donnant une dimension affective plus forte à leur discours.

Notre enquête de terrain a permis de valider ces premiers résultats et est même venue les étoffer.

Premièrement, les personnes ayant répondu à l’enquête ont expliqué les raisons de leur préférence pour l’utilisation du français sur internet. Ces réponses prouvent bien l’écart entre la réalité des pratiques linguistiques et les représentations.

Deuxièmement, l’enquête prouve l’existence d’un genre de « nomenclature typifiante » servant à représenter l’île de La Réunion dans le paysage des réseaux socionumériques grâce à la présence du drapeau réunionnais, les volcans, les palmiers ou des pictogrammes relatifs à l’insularité. Le fait que ces personnes utilisent ces émojis montre qu’ils donnent de la visibilité à leur île.

Cette première recherche au sujet de l’utilisation des émojis dans un contexte plurilingue a donc permis de trouver certains éléments de réponse quant au phénomène de diglossie qui s’opère sur les réseaux socionumériques, mais aussi à la question des représentations identitaires. Elle se voulait être un état des lieux et une ouverture pour de futures recherches. Il serait nécessaire d’approfondir ces analyses afin de, par exemple, comprendre l’utilisation des émojis en relation avec la question de la dimension implicite des énoncés, leur aspect hyperbolique ou au contraire leur fonction d’atténuation. La question de la « picturalisation » de la langue pourrait également faire l’objet de recherches dans différents champs d’étude.

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Image 1 : Liste des émojis proposés pour réagir à une publication Facebook en 2020

Image 1 : Liste des émojis proposés pour réagir à une publication Facebook en 2020

Schéma 1 : Catégorisation des émojis

Schéma 1 : Catégorisation des émojis

Image 2 : Exemple de commentaires rédigés seulement grâce aux émojis issus du corpus

Image 2 : Exemple de commentaires rédigés seulement grâce aux émojis issus du corpus

Image 3 : Les différentes possibilités de personnalisation des émojis sur iOS

Image 3 : Les différentes possibilités de personnalisation des émojis sur iOS

Source : Capture d’écran personnelle (janvier 2022)

Tableau 1 : Synthèse des éléments du corpus

Tableau 1 : Synthèse des éléments du corpus

Tableau 2 : Répartition des réactions des internautes pour chaque article

Tableau 2 : Répartition des réactions des internautes pour chaque article

Graphique 1 : Répartition de l’ensemble des réactions

Graphique 1 : Répartition de l’ensemble des réactions

Graphique 2 : Répartition des commentaires ponctués par un émoji (en pourcentages)

Graphique 2 : Répartition des commentaires ponctués par un émoji (en pourcentages)

Image 4 : Émoji relatif au terme antécédent

Image 4 : Émoji relatif au terme antécédent

Tableau 3 : Représentation du créole réunionnais au sein des commentaires

Tableau 3 : Représentation du créole réunionnais au sein des commentaires

Tableau 4 : Occurrences des émojis relatifs aux représentations de l’île de La Réunion

Tableau 4 : Occurrences des émojis relatifs aux représentations de l’île de La Réunion

Morgane Andry

Docteure et ATER, LCF, Université de La Réunion

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