Avant-Propos

Marie-Annick Lamy-Giner

p. 1-2

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Marie-Annick Lamy-Giner, « Avant-Propos », Carnets de recherches de l'océan Indien, 2 | -1, 1-2.

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Marie-Annick Lamy-Giner, « Avant-Propos », Carnets de recherches de l'océan Indien [En ligne], 2 | 2018, mis en ligne le 25 février 2023, consulté le 13 mai 2024. URL : https://carnets-oi.univ-reunion.fr/204

Pour son deuxième numéro, la revue Carnets de Recherches de l’océan Indien se décline sous la forme d’un varia.

Ce numéro se compose de huit articles et d’une recension. Il embrasse les îles du Sud-Ouest de l’océan Indien, de La Réunion aux Comores, de Mayotte à Madagascar. Quoique une étude sur le Sri Lanka atténue quelque peu ce tropisme. Notons également qu’un article sur Maputo, capitale du Mozambique, offre à la revue son premier ancrage africain. Ainsi, les contributions nous entraînent sur les pourtours des espaces forestiers protégés malgaches, au cœur du royaume bouddhiste de Kandy à Ceylan, sur la plage d’Hamouro dans l’île « Hippocampe » ou encore dans les rues embouteillées de l’ex-Lourenço Marques.

Carpanin Marimoutou s’intéresse à l’île comme site des utopies. Une question gouverne le propos : quelle est la possibilité d’habiter une île créole ? En puisant dans un riche corpus de récits et de poèmes, l’auteur dépeint les modalités changeantes à la fois littéraires et idéologiques de cette utopie. Manifestement, littérature utopique et île, en particulier l’île créole, sont intrinsèquement liées.

Jean-François Géraud propose une réflexion sur les marges de manœuvre, de la fête aux chants, des pratiques amoureuses à l’humour, qui ont été forgées par les esclaves. En filigrane, il questionne l’imaginaire dont est porteuse la nuit des tropiques, qui dans sa robe noire tissée de mystères et gansée d’ombres, cristallise les peurs des maîtres envers les esclaves. Au-delà, l’auteur analyse toutes les marges de manœuvre, formes de résistance, dont se sont emparés les esclaves s’armant par là-même d’un certain « agir social ».

À travers une sélection de dessins de Paul Cassien et de clichés d’André Blay, Christian Germanaz confronte les termes d’exotisme, d’identité et de paysage. L’auteur défend l’hypothèse que la transformation des perceptions portées sur les paysages réunionnais s’est accompagnée d’un glissement de l’exotique à l’identitaire. À cette fin, il mobilise, de façon opportune et originale, des matériaux iconographiques.

La contribution sur les espaces forestiers protégés de Madagascar a été écrite à plusieurs mains avec Télesphore Brou comme chef d’orchestre. Elle soulève la question sensible de la pression agricole exercée aux encablures des parcs. Le recours à l’imagerie Landsat permet ainsi de déterminer et de suivre l’évolution des zones de déforestation. Les dynamiques démographiques à l’œuvre et la pression agricole engendrée menacent le Parc National d’Ankarafantsika.

Dans les rues de Maputo, voitures, bus, taxis collectifs sont devenus des espaces discursifs, où tout un chacun exprime, par des mots empreints d’humour, de dérision, d’indécence ou de provocation, sur la carrosserie de son véhicule, une infinie variété de messages sur la politique, les stigmates de la guerre, la pauvreté ou l’amour. Les transports n’ont plus comme seule vocation la locomotion, ils autorisent une forme de libre pensée. À travers cet écrit informel, César Cumbe propose une « cartographie » sociolinguistique d’une métropole africaine en effervescence.

C’est à Robert Knox, marin anglais échoué non loin des rivages sri lankais que se consacre Jacques Tual. L’auteur se propose d’analyser le récit de Knox, intitulé Relation historique de l’île de Ceylan, publié à Londres en 1681. Captif du roi de Kandy pendant 19 ans, Knox y offre un regard, de quasi-anthropologue, sur la société cinghalaise du XVIIe siècle.

Se fondant sur le roman Hamouro de Salim Hatubou, Srilata Ravi analyse la « balkanisation » de l’archipel des Comores. La structure narrative du roman emprunte au conte traditionnel. Ravi souligne l’importance de l’écriture comme une tentative de réduire les fractures imposées par l’Histoire. Ce faisant elle interroge le rapport entre réalité et fiction romanesque.

Nous ne quittons pas l’archipel des îles de la Lune. Laurent Sermet revient sur le bras de fer qui se joue entre la République fédérale des Comores et la France concernant Mayotte, sous le prisme, cette fois, du droit international. Ce travail met à jour l’ambivalence des relations, entre partenariat et différend territorial, liant ces deux acteurs étatiques sans que ne semble émerger une solution de compromis.

Marie-Annick Lamy-Giner

Mcf en géographie, Université de La Réunion
malamy@univ-reunion.fr

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