Ce numéro 4 se présente sous la for d’un varia. Il assemble des travaux qui permettent un point, un instantané sur l’avancée d’une recherche. Les sept contributions sont très diverses, elles reflètent l’interdisciplinarité de la revue. Elles couvrent plusieurs zones géographiques : Maurice, Seychelles, La Réunion et Afrique du Sud.
L’article de Goran Georgijevic, de l’Université de Maurice, offre un regard sur le droit des concubins à Maurice. Il soulève les questions juridiques inhérentes à la réparation des « préjudices par ricochet » des concubins. Il montre en quoi le droit mauricien qui s’inspire pourtant du code civil français ne définit pas le concubinage et en quoi la position de la Cour suprême de Maurice s’oppose radicalement à celle de la Cour de cassation française.
Véronique Hummel, de l’Université de La Réunion, se propose de comprendre l’emploi du morphème i dans les créoles réunionnais et seychellois. Elle s’appuie pour ce faire sur une comparaison avec deux langues africaines, en l’occurrence le sango et le ngbandi, qui elles emploient le morphème a. En filigrane, l’auteure montre les mutations qui ont cours au sein des créoles indianocéaniques.
Morgane Andry, de l’Université de La Réunion, invite à une lecture des vidéos promotionnelles produites par l’IRT et disponibles sur la plate-forme Youtube. La notion d’exotisme sert de fil rouge à l’analyse. Il s’agit de comprendre quelle image de La Réunion est véhiculée dans ces vidéos. La place et le fonctionnement de l’exotisation y sont minutieusement examinés.
Baishili Ghosh, de l’Université d’Hyderabad nous entraîne sur le site de Phooliyar, un lieu chargé d’histoire, niché au cœur du district de la Rivière-du-Rempart, à l’Île Maurice. Un monument y a été érigé en l’honneur des premiers travailleurs engagés et de leurs descendants. Il s’agit de voir comment se dessine le processus de patrimonialisation du site de Phooliyar et quels en sont les évolutions, les perceptions et les acteurs.
Rosa Beunel, du King’s College à Londres, montre comment dans les romans d’Agénor et de Dormann, les tensions identitaires fragmentent la géographie imaginaire de l’île, révélant la présence « d’îles » dans l’île. Sont interrogées les spécificités de la créolisation dans les Mascareignes, en l’occurrence à Maurice et à La Réunion.
Daniel Dormoy, de l’Université de Paris-Sud/Paris-Saclay, se propose d’étudier dans quelle mesure le cadre juridique, tant national qu’international et européen, de la participation aux organisations internationales régionales de l’océan Indien ainsi que la pratique d’ordre politique qui en résulte dans la zone peuvent évoluer afin de permettre une plus grande participation d’entités non étatiques, en particulier de La Réunion en tant que telle, à ces organisations.
Enfin, la notule de Jacques Charlier, de l’Université de Louvain-la-Neuve, vient en complément d’un article publié dans le CROI n° 3. L’auteur présente par un jeu de cartes, l’évolution des trafics des ports sud-africains. La scène portuaire nationale est marquée de concurrence et de complémentarité ; ports plurifonctionnels versus ports vraquiers.
Dans leur diversité, ces articles illustrent la spécificité du sud-ouest de l’océan Indien en mettant en évidence à la fois sa diversité et les liens qui rapprochent les territoires de l’Indianocéanie.