L’océan Indien au XXIe siècle. Transitions et mutations

Introduction

Marie-Annick Lamy-Giner et Hélène Pongérard-Payet

p. 3-4

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Marie-Annick Lamy-Giner et Hélène Pongérard-Payet, « L’océan Indien au XXIe siècle. Transitions et mutations », Carnets de recherches de l'océan Indien, 7 | -1, 3-4.

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Marie-Annick Lamy-Giner et Hélène Pongérard-Payet, « L’océan Indien au XXIe siècle. Transitions et mutations », Carnets de recherches de l'océan Indien [En ligne], 7 | 2021, mis en ligne le 01 mars 2023, consulté le 30 octobre 2024. URL : https://carnets-oi.univ-reunion.fr/643

Depuis l’Antiquité, l’océan Indien est au cœur d’un « système-monde » reliant Asie-Afrique et Europe (Beaujard, 2012). Plus récemment, le début de ce siècle, l’importance de cet océan situé au cœur d’un monde connecté n’a cessé de s’affirmer. Ce numéro se propose de comprendre les transitions et les mutations de cet espace d’échanges, de communications, de circulations avec l’Afrique (Atlantique, Méditerranée) et avec l’Asie (Pacifique). Il entend questionner « les mouvements » et « les risques » qui transforment cette région (espaces maritimes, espaces terrestres) dans un océan « désormais considéré comme une aire géopolitique de première importance » (Grare, 2012). En effet, le poids stratégique et économique de l’océan Indien n’a eu de cesse de s’accroître depuis la fin de la guerre froide (Racine, 2016). Les enjeux maritimes, sous un angle économique, mais aussi en matière de défense, se sont amplifiés ces dernières années. Ils s’accompagnent de structures de concertation comme l’Association des États riverains de l’océan Indien (IORA) créée en 1997 et basée à Maurice, qui a une vocation économique, mais aussi de sécurité maritime, ou l’Indian Ocean Naval Symposium (IONS) qui tend à structurer l’architecture sécuritaire maritime du grand océan Indien. Pour autant en dépit de tentatives de structurations à l’initiative de certains pays bordiers (Inde, Australie), l’océan Indien reste un espace fragmenté que les mutations en cours ont tendance à accentuer.

Ce numéro se focalise sur l’histoire du temps présent et l’histoire immédiate de l’océan Indien au XXIe siècle. En ayant à l’esprit que « le présent vient souvent de loin », il s’agit d’examiner les oscillations ou les ruptures qui se sont construites en amont de ce présent de l’histoire immédiate ; tant il est vrai « qu’au fil des siècles, l’océan Indien s’est constitué en un espace unifié et hiérarchisé par ses échanges » (Beaujard, 2009). Se projetant également au-delà du temps présent, ce numéro propose quelques approches prospectives, en étudiant à certains égards les tendances en devenir ou les scénarii qui se profilent. « C’est (en effet) dans les îles que se trouvent les solutions pour l’avenir du monde » (Omarjee, 2018).

Deux termes, transition et mutation, servent de fils rouge à l’analyse. La transition interroge les évolutions (graduelle ou brutale) de/dans l’océan Indien. Elle invite à examiner les mouvements, les passages, les transformations progressives à venir. L’analyse des transitions permet d’étudier les situations environnementales, économiques, politiques, juridiques, historiques, géographiques… ainsi que les processus qui font et caractérisent les variations en formation. La mutation questionne les modifications, les transformations et les périodes, les contextes ou les conjonctures sur lesquels elles se déroulent. Ces changements profonds, souvent radicaux et rapides, dessinent de nouvelles lignes, imposent de nouvelles contraintes. Les îles, au cœur des nombreuses contributions proposées dans ces actes, semblent des laboratoires privilégiés de ces mutations et transitions.

Quatre axes se dégagent de ces actes de colloque :

  • Le premier englobe « les enjeux géopolitiques, entre compétition et coopération » ;

  • Le deuxième invite à saisir « les mutations face aux logiques politiques » ;

  • Le troisième interroge « les risques de déséquilibres régionaux » ;

  • Le quatrième questionne « les mutations de droit international et européen, ou la mise en relief de rapports de force diplomatiques ».

Ce numéro spécial, sous forme d’actes de colloque, offre non seulement une lecture globale de cet océan foisonnant, mais également des analyses à différentes échelles nationales, régionales ou locales. Les contributions retenues sont ouvertes sur tous les champs des Sciences humaines et sociales, avec pour ambition, à l’orée du XXIe siècle, de signifier, d’étudier et de décrypter les marqueurs et les mouvements qui caractérisent les espaces et les sociétés de l’océan Indien.

Beaujard, Philippe, Les mondes de l’océan Indien, 2 t., Paris, Armand Colin, DL 2012.

Beaujard, Philippe, « Océan Indien, le grand carrefour », L’Histoire, 2010, 255, p. 30-35. <halshs-00706285>.

Grare, Frédéric, « Océan Indien : la quête d’unité », Hérodote, 2012, n° 2, p. 6-20.

Omarjee, Younous, « L’Outre-mer européen dans l’océan Indien », in Blanc Didier et Dupont-Lassalle Julie (dir.), L’Union européenne, modèle de puissance ou puissance modèle dans l’océan Indien ?, Paris, coll. Actes de la Revue du droit de l’Union européenne, 2018, p. 15, spéc. p. 17.

Racine, Jean-Luc, « La nouvelle géopolitique indienne de la mer : de l’océan Indien à l’Indo-Pacifique », Hérodote, n° 163, 2016, p. 101-129. DOI https://doi.org/10.3917/her.163.0101.

Marie-Annick Lamy-Giner

MCF-HDR de géographie, Université de La Réunion
malamy@univ-reunion.fr

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Hélène Pongérard-Payet

MCF-HDR de droit public, Université de La Réunion
helene.pongerard@univ-reunion.fr

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