Après une année de mise en œuvre, tâche fondatrice, le comité éditorial est heureux de vous présenter la nouvelle revue électronique Carnets de Recherches de l’océan Indien. Cette revue biannuelle accueille des travaux de recherches en français ou en anglais portant sur les sociétés de l’océan Indien, des pays bordiers aux espaces insulaires qui le parsèment.
L’histoire de cette jeune revue débute véritablement en février 2017, lorsque le directeur de l’OSOI, Yvan Combeau, demande à chaque unité de recherche qui compose la fédération de nommer un référent numérique. Rapidement ces référents numériques, Guilhem Armand (littérature), Serge Bouchet (histoire), Freddy Huet (économie), Issa Kanté (linguistique), Marie-Annick Lamy-Giner (géographie), Valérie Magdelaine-Andrianjafitrimo (littérature), Hélène Pongérard-Payet (droit), et Vilasnee Tampoe-Hautin (civilisation), s’attellent à ce projet de création de revue en ligne. Nous faisons tous partie aujourd’hui du comité éditorial. Ensemble, nous avons coordonné ce premier numéro.
Nous sommes partis du constat qu’il n’existait pas de revue pluridisciplinaire à l’université de La Réunion. Carnets de Recherches de l’océan Indien, la revue de l’OSOI, ambitionne de valoriser cette pluridisciplinarité. Elle s’inscrit à côté, et nullement en concurrence, des quelques rares revues existant sur l’océan Indien.
L’histoire de cette revue est avant tout une belle aventure humaine entre des chercheurs de diverses disciplines. La conjonction de scientifiques d’horizons certes complémentaires, mais surtout variés, n’allait pas de soi. Les enjeux ont consisté à trouver des terrains d’entente sur les normes de rédaction, du format à la configuration des articles, des notes de bas de page à la bibliographie. Il en a résulté un travail commun d’harmonisation, d’assemblage et d’emboîtement de nos différentes disciplines. Cette diversité constitue notre richesse et notre originalité.
En écho à notre ligne éditoriale, la revue Carnets de recherches de l’océan Indien se situe à l’intersection de plusieurs champs disciplinaires et en même temps se présente comme une vitrine de connaissances spécialisées sur l’océan Indien. Même si la pluridisciplinarité constitue le socle de notre revue, elle n’empêche pas des analyses fouillées sur un domaine particulier. Dans cette optique, certains numéros thématiques proposeront des approches spécifiques à certains champs disciplinaires. Les contributeurs issus des sciences de la société peuvent être des jeunes chercheurs (doctorants) ou des chercheurs confirmés locaux, régionaux et internationaux, qui ont comme espace de recherches, champ ou thématique, l’océan Indien.
Cette revue est conçue comme un outil de partage des travaux de recherches. Les contributions sont sélectionnées après évaluation en double aveugle par deux membres d’un comité de lecture ad hoc. Ce comité est pluridisciplinaire, en adéquation avec notre ligne éditoriale. Il se compose de chercheurs en droit, économie, littérature, linguistique, histoire et géographie. En complément des contributions sélectionnées, d’autres rubriques (recensions d’ouvrages ou encore « L’océan Indien en images ») peuvent être ouvertes dans certains numéros.
D’emblée, le choix est arrêté de créer une revue en ligne, pour un libre accès à la connaissance. L’objectif sous-jacent est aussi d’atteindre des publics habituellement à l’écart des productions scientifiques, notamment les enseignants du secondaire.
Notre premier numéro porte sur les espaces insulaires de l’océan Indien. Fort du constat que l’histoire récente des îles de l’océan Indien est marquée par de profondes mutations, qu’elles soient sociales, économiques, juridiques, littéraires et artistiques, linguistiques ou géographiques, ce numéro vise à une meilleure connaissance et à une analyse des évolutions récentes des sociétés insulaires de l’océan Indien. Il se donne pour objectif de nourrir le débat sur cette recherche selon une dialectique qui est à la source de toute démarche scientifique, allant du local au global.
Les trois axes thématiques de l’OSOI (risque et développement / pouvoirs et réseaux / territoires et mobilité) ont pu aisément, dans ce cadre, servir de fils conducteurs aux réflexions des contributeurs.
Nos remerciements s’adressent à deux services, en l’occurrence la Direction des Usages du Numérique (DUN) et le Bureau Transversal des Colloques, de la Recherche et des Publications (BTCR), qui apparaissent comme des outils indispensables à la mise en œuvre et à l’accompagnement de cette revue.
Les raisons d’une revue sur l’océan Indien
L’océan Indien n’est pas une simple toile de fond. En réalité, les cailloux, aussi petits fussent-ils, posés sur ses eaux et les pays bordiers qui l’enlacent font l’océan Indien. Très tôt, l’océan Indien a été, à l’instar de la Méditerranée si précieuse aux yeux de Braudel, un important lieu d’échanges1. Gigantesque foyer de cultures et de civilisations, l’océan Indien s’est construit par contacts, interpénétrations et chocs. De périples en gestes maritimes, cette Mare Indicum était longée de routes de cabotage qu’empruntaient les marchands riverains2. L’océan Indien peut ainsi s’appréhender comme « une aire de recherches originale »3. Son histoire est stratifiée de migrations, de dominations successives (indonésiennes, persanes, « indiennes », arabes, portu-gaises, hollandaises, britanniques et françaises) et de routes commerciales.
L’ensemble des États riverains, y compris les îles, concentre environ 2,5 milliards d’habitants, soit un tiers de la population mondiale. Le poids démographique de l’Inde (1,295 milliard de personnes) est à peine contrebalancé par celui de l’Indonésie (265 millions) ou celui du Pakistan (207 millions d’habitants), quand les micro-États archipélagiques indépendants ne dépassent pas le million d’habitants (Seychelles, Maldives, Comores). Longtemps considéré comme l’océan des pays pauvres, il enregistre depuis les années 80 un regain d’attention4. Avec ses niveaux de conflictualité et sa fonction « d’aorte » maritime, ce bassin est devenu une aire géopolitique de première importance, d’autant que l’Inde et la Chine jouent un rôle croissant dans la région.
La richesse et la diversité en matière linguistique, littéraire, juridique, économique, sociale, historique et géographique des sociétés de l’océan Indien invitent et participent à nourrir la réflexion scientifique et à faire l’objet d’études. La revue Carnets de Recherches de l’océan Indien se propose de porter un regard croisé sur ces sociétés plurielles. L’interdisciplinarité est notre marque de fabrique comme l’interculturalité et les migrations sont celles de l’océan Indien.